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Erasme

 

Érasme, également appelé Érasme de Rotterdam (Desiderius Erasmus Roterodamus), né dans la nuit du 27 au 28 octobre 1462 à Rotterdam, comté de Hollande, et mort le 12 juillet 1536 à Bâle, est un chanoine régulier de saint Augustin, philosophe, écrivain latin, humaniste et théologien des Pays-Bas bourguignons, considéré comme l’une des figures majeures de la culture européenne.

  Sa notoriété nouvelle fait d'Erasme le point de convergence de toutes les solicitations des grands d'Europe. Mais Erasme défend rigoureusement ce qui constitue ses plus grandes richesses : l'indépendance d'esprit et la liberté de mouvement. Refusant de s'inféoder à une personne, un pays ou un mouvement, Erasme illustre brillamment l'humaniste chrétien qui se reconnaît pour seule patrie celle des belles lettres et de la foi chrétienne. Il se donne à tous mais n'appartient à personne. Aussi le voit-on parcourir une partie de l'Europe ; découvrant l'Italie (1406-1409), séjournant à plusieurs reprises au Pays-Bas (1504 et 1514-1517) et en Angleterre (1505-1506 et 1509-1514), revenant à l'occasion en France ou en Suisse.
   Ce cheminement d'un homme libre est parsemé de rencontres enrichissantes et stimulantes : l'illustre imprimeur Alde Manuce, les érudits bizantins Aléandre, Musurus Ascaris, le cardinal Jean de Médicis (le futur pape Léon X) les humanistes et théologiens Jérôme Donato, Guillaume Budé, L. Vives, Mélanchthon... Toutes ses confrontations saines avec les plus grands esprits nourrissent prodigieusement sa pensée, l'obligent inlassablement à préciser et approfondir ses réflexions les plus délicates. Son style gagne en simplicité, en puissace persuasive. Ses activités sont multiples et ses projets aussi diversifiés qu'ambitieux. Les publications à succès de manuels scolaires, de traductions latines d'auteurs grecs, de réflexions théologiques se succèdent à un rythme effréné.
   Cette période de productivité intellectuelle intense voit l'humanisme chrétien d'Erasme prendre sa forme définitive. Ce que les générations suivantes nommeront "Erasmisme" est illustré à travers trois oeuvres majeures incarnant les trois grands combats d'Erasme. Sa version latine du Nouveau testament et des oeuvres de Saint Jérome (1516) traduit son soucis d'un dépoussiérage de la théologie par le recours au plumeau philologique : l'étude des sources grecques et hébraïques afin de restituer le message chrétien débarrassées des impuretés scolastiques. Son Education du Prince (1516) adressée à Charles Quint développe son souhait d'un prince partisan de la paix et abreuvé de belles lettres antiques. Enfin, sa complainte de la paix persécutée (1517) caractérise son obsession d'une concorde universelle.
   Paix, piété, belles lettres. Les trois traits majeurs de la pensée érasmienne fusionnent magistralement dans l'insolite Eloge à la Folie (1511) qui deviendra au fil des siècles l'oeuvre la plus connue. Revêtant astucieusement le masque du bouffon, Erasme prononce un féroce réquisitoire contre les abus de toute sorte et les déviations de l'Eglise. Derrière la farce se trouve énoncé avec vigueur une invitation à retrouver un christianisme authentique soucieux de paix et compatible avec l'esprit des grands auteurs de l'antiquité païenne.
   Lorsqu'en 1517, il prend en main les destinées du collège des trois langues de Louvain (promotion du latin, grec, hébreux), Erasme est à son apogée [4] et rêve d'une Europe réconciliée avec elle-même. Les succès de ses oeuvres, efficacement diffusées par un puissant réseau "érasmien" depuis son centre névralgique de Bâle (l'imprimerie de son ami Forben) entretiennent cet espoir...

 

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